Laboratoires d'analyse médicale: un secteur en pleine phase de concentration

PARIS - Le secteur de la biologie médicale, confronté à des changements reglémentaires et à une pression sur ses prix, est engagé en France dans un important mouvement de concentration, qui favorise l'apparition de réseaux fédérant parfois plusieurs dizaines de laboratoires.

Dans un marché encore très éclaté --la France compte environ 4.000 laboratoires privés d'analyse médicale--, le mouvement a été lancé par l'ordonnance Ballereau du 13 janvier 2010.

En imposant notamment aux acteurs du secteur de s'accréditer selon la norme de qualité ISO 15189, elle pousse les laboratoires à se regrouper pour faire face à ce processus long et onéreux.

La possible ouverture du capital des laboratoires à des investisseurs privés, l'entrée dans une démarche d'accréditation, le renouvellement difficile de la filière (départs massifs à la retraite) et surtout les pressions tarifaires exercées par l'assurance-maladie sont autant de menaces qui pèsent sur la biologie médicale française, rappellent en outre dans une récente étude Alexandre Boulègue et Arnaud Dessimond, du cabinet d'études Xerfi.

La complexité croissante de la technique et les coûts qu'elle engendre poussent aussi à ces rapprochements.

La loi française limite toujours à 25% la participation que peuvent détenir des investisseurs non-biologistes dans un laboratoire ou un groupement, une position récemment confortée par une décision de la Cour européenne de justice, mais une plus large ouverture du capital à des investisseurs privés paraît inéluctable, estiment MM. Boulègue et Dessimond.

A l'heure actuelle, cette limitation à une financiarisation du secteur, dénoncée par de nombreux biologistes, oblige certains groupes à des montages financiers complexes pour s'y conformer, ajoutent-ils.

Elle n'empêche pas pour autant aujourd'hui des acteurs de regrouper plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines, de laboratoires sous leur coupe, en général en les coordonnant autour de plateaux techniques régionaux, où ont lieu les analyses.

Face à cette crainte de financiarisation, certains biologistes choisissent de monter des groupements indépendants, à l'instar de Lab 72 au Mans, Biogroup en Alsace ou Somabio au niveau national.

D'autres réseaux, adossés à des investisseurs, voient également le jour.

C'est par exemple le cas du groupe Novescia, créé fin 2008, qui revendique à l'heure actuelle près de 150 laboratoires d'analyse médicale et dont le PDG Pierre Forest vise un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros en 2011.

On est au tout début de cette phase de concentration, selon le PDG de Novescia, mais tout va dans le sens de cette transformation, assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Selon des chiffres cités par M. Forest, les réseaux de laboratoires d'analyse représentent aujourd'hui en France environ 25% des 4.000 laboratoires privés existants.

Même les groupes plutôt tournés vers la biologie spécialisée, et qui s'adressent donc aux autres laboratoires et non pas directement aux patients, se lancent dans la danse.

Ainsi, Biomnis, qui a annoncé une nouvelle levée de fonds de 150 millions d'euros jeudi, va utiliser une partie de cette manne pour participer à la consolidation du secteur de la biologie de ville, explique à l'AFP son PDG Pierre-Yves Guiavarch.

Le laboratoire Cerba, repris l'an passé par le fonds d'investissement PAI Partners, avait alors lui aussi affirmé son désir de participer au mouvement.

Aux yeux des analystes de Xerfi, près d'un tiers du parc de laboratoires français d'analyse médicale devrait avoir disparu d'ici 2020.


(©AFP / 26 mai 2011 14h51)