CORONAVIRUS - Le dépistage du coronavirus est un des éléments clés dans la stratégie du gouvernement pour limiter la propagation et empêcher une deuxième vague. Pourtant, de nombreux témoignages affluent depuis quelques semaines sur des temps d’attente toujours plus longs pour prendre rendez-vous et effectuer un test PCR dans un laboratoire.
Une simulation rapide, effectuée par Le HuffPost sur le site Doctolib en région parisienne, montre que dans une grande majorité de cas, il faut attendre entre 5 à 10 jours pour trouver un créneau. Un engorgement qui représente une véritable gageure dans la période actuelle, ce dont ont bien conscience les laboratoires eux-mêmes. “On constate ces derniers jours une augmentation des demandes pour laquelle on n’arrive pas à faire face”, confirme le biologiste Anthony Mouchère à Europe 1.
“La France n’est pas prête”
“Les gens réalisent que le virus est toujours présent. Il y a un décalage clair entre les déclarations ministérielles qui parlent de 300.000 personnes à tester quand on sait qu’il y a seulement trois laboratoires en Mayenne...”, a lui alerté le président de la Fédération des médecins de France, Jean-Paul Hamon, sur France 2. La France n’est pas prête et la France n’a pas les moyens”
Contacté par Le HuffPost, Jean-Louis Pons, président du Conseil National Professionnel de Biologie Médicale pointe du doigt les autorités sanitaires françaises et notamment les Agences régionales de santé (ARS). “L’engorgement est dû à l’attitude irresponsable des CPAM et des ARS qui lancent des invitations sur des zones déterminées et localisées, sans concertation préalable avec les laboratoires de la zone. Ces invitations envoyées par la poste sans tri préalable, ne présentent aucun caractère d’urgence, puisque ce sont des ‘points’ épidémiologiques, et que les taux de positivité sont extrêmement faibles”, explique-t-il au HuffPost.
Le facteur humain: des biologistes épuisés
Ces incitations au dépistage, souligne Jean-Louis Pons, arrivent par ailleurs après une période d’intense activité qui a mis les biologistes à rude épreuve. “Il ne faut pas oublier que l’on sort de trois mois de confinement, que le personnel est à bout, fatigué. Il a besoin de vacances et de fait nous avons moins de monde”, souligne Jean-Louis Pons.
Ces demandes croissantes s’inscrivent par ailleurs dans un contexte où les biologistes doivent continuer à pratiquer les tests et prélèvements liés à d’autres pathologies. “Un biologiste peut s’occuper de 80 patients par jour maximum, or il y a 5.000 biologistes en France. Nous ne pouvons pas accélérer la cadence alors que le dépistage du nouveau coronavirus demande par ailleurs des précautions et une organisation particulière”, plaide-t-il.
Face à cette situation, explique Jean-Louis Pons, les laboratoires tentent de prioriser entre patients urgents et non urgents, faisant passer en premier les cas symptomatiques, les tests pré-opérations ou pré-accouchement. Une fois le test réalisé, les laboratoires ont l’obligation légale de délivrer les résultats dans les 24 à 48 heures.
Vraisemblablement, les laboratoires ne sont pas prêts de souffler. Jérôme Salomon, le patron de la Direction général de la santé (DGS), a indiqué que le gouvernement entendait amplifier les opérations de dépistage pendant l’été. Contactée par Le HuffPost, la DGS n’a pas encore donné suite à notre demande de réaction.